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9/11 loop est une expérience qui prend place sur twitter (un outil de micro-blogging). Toutes les dépêches émises par l’afp le 11 Septembre 2001 sont diffusés en temps réel « décalé » (au même instant où elles étaient parues ce jour-là). Il suffit ainsi de suivre l’utilisateur « 911loop » sur twitter pour revivre cette journée en boucle.
En regardant les vidéos des premières minutes de la couverture de l’évènement par Cnn, j’ai été fasciné par ce moment de glissement, cette charnière historique où l’on est passé des publicités stupides à la catastrophe brute, incompréhensible. Un changement d’ère en direct, en somme.
Et puis il y a aussi ces images qui ont tournés en boucle, reprises en chœur par toutes les chaines, ces rumeurs et les informations contradictoire relayées sans cesse, qui ont fait de cela un évènement cyclique et inéluctable. J’ai toujours été persuadé que les images des tours en flamme n’avaient été réelles que la première fois que je les avais vue, et que toutes les rediffusions suivante avaient fait perdre leur réalité à ces images (attention, je parle simplement de mon rapport à l’image, je ne verse pas dans les élucubrations des crétins adeptes de la théorie du complot).
Entre autres armes du système qu’ils ont retournées contre lui, les terroristes ont exploité le temps réel des images, leur diffusion mondiale instantanée. Ils se la sont appropriée au même titre que la spéculation boursière, l’information électronique ou la circulation aérienne. Le rôle de l’image est hautement ambigu. Car en même temps qu’elle exalte l’événement, elle le prend en otage. Elle joue comme multiplication à l’infini, et en même temps comme diversion et neutralisation (ce fut déjà ainsi pour les événements de 1968). Ce qu’on oublie toujours quand on parle du « danger » des médias. L’image consomme l’événement, au sens où elle l’absorbe et le donne à consommer. Certes elle lui donne un impact inédit jusqu’ici, mais en tant qu’événement-image.
Jean Baudrillard, L’esprit du terrorisme.
Twitter est un outil idéal pour ce type d’expérience, son immédiateté, son accessibilité et la courte taille des messages (moins de 140 caractères) s’adaptant parfaitement au format des dépêches.
Sur le plan technique, un ordinateur situé à l’école fait office de serveur. Un fichier XML contient toutes les dépêches et l’heure précise de leur diffusion. Un programme réalisé avec Processing trie ces dépêches et les poste au moment voulu sur twitter grace à la librairie twitter4j.
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