Quelques pistes pour l’année prochaine


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Deux trois idées que j’ai eu récemment et sur lesquelles j’aimerais travailler l’année prochaine (faute de temps cette année ).

Tout d’abord continuer à bosser sur un script capable d’aller récupérer des données sur une page et de les renvoyer sur une autre page avec un contexte différend. Ce serait en quelques sorte un engraineur informatisé (en argot, un engraineur est une personne qui entraine quelqu’un dans ses idées, envenime une situation, en gros qui fout la merde…) qui irait récupérer des bribes de discussions sur les forums du parti socialiste et qui les posterait sur les forums de l’ump, par exemple (On pourrait également imaginer une version américaine avec les républicains et les démocrates) . Ce système pourrait ainsi créer des décontextualisations dans la pure tradition des détournements situationnistes.

Je réfléchi également à une installation avec une cage à souris (ou hamster ) reliée à un espace immersif en 3D ( dans le style de Cave ) . Le spectateur interagit dans l’espace virtuel avec la cage à souris mécanisée; ainsi un certain type d’action dans le monde virtuel va agir sur la cage ( son? mécanismes ?) Inversement les souris dans leur cage peuvent interagir sur l’espace virtuel (en actionnant la petite roue? Ou bien en mangeant?) On a donc deux cages, l’une virtuelle, l’autre réelle connectées et fonctionnant en autarcie. J’apprécie l’idée qu’un élèment virtuel, dématérialisé puisse avoir des incidences sur le monde réel, et vice-versa, un peu comme dans les microcosmes reliés par ordinateur d’Eduardo Kac.


Le module qui permet de récupérer le cours de la bourse sur internet et de les transformer en son consiste en ceci: il s’agit d’un patch pure data qui déclenche régulièrement un script python.
Ce script va chercher sur cette page les différentes valeurs boursières, puis les imprime dans la console (le shell ) de linux. Pure data récupère ensuite ces chiffres brut qui vont servir à créer un graphique (array )qui sera transformé en onde sonore. Pour l’instant ça n’est pas très musical (krrr-tchhh-ffrrttt ) mais je ne suis pas sur que la bourse soit une donnée très harmonieuse…


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Voici la forme que pourrait revetir ce « corps sans organes médiatique ».
Il s’agit d’un ensemble de machines traversées par des flux médiatiques (images télé et cours de la bourse ) . Ces machines coupent les flux, les digèrent pour les transformer en images et en sons de l’inconscient. Toutes les informations qui ne sont pas digéré sont rejetés sous forme de sang. Ce corps aveugle et sourd à son environnement immédiat (il n’a aucune interaction avec le spectateur ) est pourtant soumis aux soubressaults des médias et de l’économie.

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Le corps sans organes


Petite définition d’un corps sans organes d’après Deleuze (source Wikipédia) :

Le corps-sans-organe est un concept développé par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans leurs œuvres communes : L’Anti-Œdipe et Mille plateaux.

Pour comprendre le corps-sans-Organe (CsO) il est important de saisir la définition deleuzienne du désir. Dès l’Anti-Œdipe (en 1972), Deleuze remet en cause la conception psychanalytique du désir. Selon lui le désir n’est pas une scène de théâtre mais une usine qui produit sans cesse, qui crée des agencements, qui est cause de déterritorialisation et de reterritorialisation. Le désir compris comme usine nous permet dès lors de concevoir les machines désirantes. Car dans la nature et dans tout corps il n’y a que des dispositifs machiniques, une multiplicité de machines, machine désirante, mais aussi machine-organe, machine-énergie. Deleuze unit l’homme et la nature au travers d’un processus couplant les machines : « L’homme et la nature produisent l’un dans l’autre ».

Le CsO est une production du désir, il s’oppose à l’organisme que nous font les machines désirantes. Le corps souffre de ne pas avoir d’autre organisation, ou pas d’organisation du tout… Le CsO est un corps sans image, une anti-production, mais il est inévitable parce qu’il nous pénètre sans cesse, et sans cesse nous le pénétrons. Le CsO est un programme, une expérimentation et non un fantasme. Produit comme un tout à côté de parties auquel il s’ajoute, le CsO s’oppose à l’organisme. Car c’est par le corps, et par les organes, que le désir passe et non par l’organisme.

Il y a de multiples possibilités du CsO selon les désirs, les êtres… Citons comme exemple le corps hypocondriaque, dont les organes se détruisent, ou le corps schizophrène, qui mène la lutte contre ses propres organes. Si Deleuze aime à prendre l’exemple du schizophrène, en citant notamment l’œuvre d’Antonin Artaud, il signale que le CsO peut aussi être « gaieté, extase, danse… ». Mais l’expérimentation n’est pas anodine, elle peut entraîner la mort. Il faut, par conséquent, être prudent même si l’expérimentation du CsO est une question de vie ou de mort. Car pour Deleuze il ne faut pas, comme le prétend la psychanalyse, retrouver notre moi mais aller au-delà. Deleuze dit, dans l’Abécédaire, qu’« on ne délire pas sur papa-maman, on délire le monde ». Aussi précise t-il dans Mille-Plateaux : « Remplacer l’anamnèse par l’oubli, l’interprétation par l’expérimentation ». Deleuze s’oppose à l’idée du désir perçu comme manque ou fantasme.

Pour Deleuze, le grand livre sur le CsO est l’Éthique de Spinoza : les attributs, les substances, les intensités ignorent l’opposition de l’un et du multiple puisqu’il y a multiplicité de fusions, d’abouchemenents, de glissements :

« Le corps n’est plus qu’un ensemble de clapets, sas, écluses, bols ou vases communicants… »

Le CsO est comme un œuf sur lequel, et dans lequel, des intensités circulent, intensités qu’il produit et distribue dans un espace intensif, inétendu.