Le cœur de l’œuvre serait un mélange d’images, de flux médiatiques, en quelque sorte un compositing en temps réel. Il s’agirait d’un triptyque sous forme de projections vidéo sur un mur, ou seraient mélangées différentes sources d’images et de sons (télévision, vidéo, dessin ).
Le dessin servirait à représenter l’intérieur d’un corps fantasmé et surréaliste, comme une planche d’anatomie qui s’étalerait sur trois écrans( je m’inspire de gravures médicales anciennes) et à l’intérieurs des vaisseaux et canaux de ce corps circuleraient les différends flux et informations visuelles et sonores sous une forme liquide. Je ne sais plus si c’est Bill Viola ou Nam June Paik qui considérait également l’image vidéo comme un liquide. Farizio Plessi traite la vidéo dans ces installations comme un matériau liquide et organique. Pour moi, la télévision est un « robinet à images ». On ouvre le robinet et un flot d’image se déverse, devenant ainsi un matériau malléable et bon-marché. J’ai abandonné l’idée d’utiliser une webcam dans l’installation. Dans les années 60, Martial Raysse et Jacques Monory utilisaient un procédé similaire pour inclure l’image du spectateur dans une oeuvre picturale. Et puis la question de la surveillance vidéo ne m’intéresse pas tellement (enfin, pas ici !).
L’installation comporterait trois parties liées entre elle par la circulation de ces flux. On suivrait ainsi le cheminent d’images médiatiques publiques et collectives qui chemineraient à travers ce corps/cerveau pour aboutir à une image intime. Le premier écran serait l’input, les images de télévision et autres flux médiatiques rentre à l’intérieur du corps par l’intermédiaire des organes des sens, dans la seconde partie les images sont digérés/réinterprétés dans un cerveau-intestin et dans la troisième partie (l’output) s’afficherait une série de dessin que je réalise actuellement d’après mes cauchemars.
J’ai pas mal de références, je pensais à »la société du spectacle » de Debord pour l’aspect médiatique, aux installations de Gilles Barbier et aux dessins de Stéphane Blanquet ou William Hogarth entre autres.
J’ai aussi abandonné l’idée de possibilité d’interactions entre ce corps-machine et le spectateur. Il y aura uniquement des interactions entre machines. Il faut que le fonctionnement de ce corps paraisse, opaque, mystérieux, un peu comme pour un profane qui tenterait de comprendre le fonctionnement du corps humain uniquement à partie d’un planche d’anatomie. J’aimerais par exemple pouvoir récupérer les valeurs numériques des cours de la bourse sur internet et les utiliser pour influer sur le son ( tonalité ?) ou sur l’image (luminosité, couleur ?).