Du 13 au 16 Juin 2013, j’ai pu présenter une nouvelle version de La chevauchée du Cac 40 lors de Futur en Seine 2013 qui se tenait au Centquatre, à Paris. Dans les versions précédentes de cette performance, des musiciens expérimentées jouait une partition générée en temps réel à partir des fluctuations du cac40. Cette fois, les spectateurs étaient invités à essayer une variante, où, équipés d’une guitare issue du jeu Guitar Hero, ils devaient jouer une interprétation heavy metal (ou hard-rock si vous préférez ) de la bourse en suivant les symboles colorés apparaissant à l’écran.
L’algorithme générant la partition musicale était loin d’être au point et offrait un résultat à l’oreille… assez spécial. C’est décidé, la prochaine fois je travaillerais avec un compositeur.
Le projet a d’ailleurs évolué depuis l’idée de départ (permettre au gens de jouer de la musique directement sur leur portable ou tablette, à l’aide d’une application web en HTML5, et en suivant une partition sur un écran externe) qui s’est révélé impraticable à la fois pour des raisons techniques (jouer et synchroniser du son en HTML5 sur smartphone est actuellement aussi chiant qu’un film de Michael Haneke sous antidépresseurs ) et également en terme de gameplay et d’amusement (jouer de la musique sur un écran tactile, c’est vite lassant). J’ai donc préféré utiliser une guitare de Guitar Hero branchée sur mon programme Processing, celui-ci envoyant des signaux midi vers le logiciel Fruity Loops et son plugin Slayer, qui génère des bruit de guitares virtuelles tout à fait convaincantes.
Je trouve qu’il y a parfois une forte proximité entre l’exécution d’une partition musicale par un musicien et le joueur de jeu vidéo qui doit compléter un niveau d’un jeu de plateforme. Le jeu devient une partition, où chaque action doit être exécutée au bon moment, avec toutefois une certaine latence ou liberté que l’on pourrait comparer au style ou à de l’improvisation en musique. Le jeu et le concert, pris dans leur dimension de spectacle partagent par ailleurs un aspect performatif. Le jeu n’est plus une finalité et ne s’arrête pas à l’écran, mais englobe aussi les joueurs (cf. Johann Sebastian Joust), de la même manière qu’un concert n’est pas juste de la musique mais comprends aussi la performance des musiciens.
Dans cette vidéo où le classique Super Mario Bros est jouée par une intelligence artificielle, l’analogie entre la partition musicale et le jeu me paraît évidente. (évidemment, cette comparaison ne tient que sur des jeux avec un gameplay rigide, qui ne laissent que peu de choix au joueur ).
Sur le rapport performatif entre jeu (jouer au jeu) et musique (jouer une partition ), il y a aussi ce projet de Riley Harmon, Show me how (not ) to fight, où des musiciens jouent à partir d’une partition générée par les actions des joueurs du jeu vidéo Counter Strike.
Futur en Seine fut par ailleurs pour moi l’occasion d’une discussion avec un critique d’art numérique auto-proclamé, qui m’assura que l’art numérique ne pouvait être que génératif (ah bon ? ) et construit avec du code (vraiment ?). Il m’expliqua également avec une autorité que lui devait le hasard d’être (beaucoup ) plus âgé que moi, que le jeu vidéo, cet infâme gadget débilitant pour enfant, et que c’était tout de même mieux de notre temps quand on jouait dans le caniveau avec des cailloux et des bâtons, bref, que le jeu vidéo n’était pas digne d’être accoquiné à un art numérique si pur. Passons sur le fait que l’art génératif est une catégorie de l’art numérique qui souffle, facilement, ses 40 bougies (souvenez vous de Vera Molnar ou de Manfred Mohr ), que l’art numérique ne sous entend pas forcément la manipulation du code et enfin que le jeu vidéo a suffisamment de similitudes avec ce dernier et de richesses pour être digne d’intérêt et comparé à l’art numérique, voir peut-être prétendre au statut d’art numérique lui-même. Habituellement, j’essaie de me tenir à l’écart des traditionnelles discussions stérile à propos de ce qui relève ou non de l’art, mais je crois que je suis fatigué par le mépris à l’encontre de ce médium.
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Intéressant concept.
A regarder la partition, je ne vois pas de corrélation avec les chiffres du CAC.
Un algo basique pourrait consister à prendre les 4 chiffres de droite (incluant les 2 décimales)
pour réaliser un motif sur un rythme 4/4, les chiffres représentant les notes d’une gamme
décidée par les 2 chiffres de gauche (pair / impair => majeur / mineur). Exemple 4335.78
On prend 35.78 => on jouera la tierce, quinte, septième et octave d’une gamme donnée…
jusqu’à la mise à jour suivante du CAC.
Fred – Matheux, Geek et shredder 🙂
lepereafelix@gmail.Com
Effectivement, la corrélation entre les chiffres et la partition est un peu tirée sur les cheveux, ce sont juste des riffs mineurs ou majeurs qui sont choisi en fonction de la phase de la bourse.
Je ne suis pas musicien, ce qui du coup limite mes possibilités, et c’est pourquoi je suis à la recherche d’un collaborateur calé en musique pour faire évoluer le concept. Est ce que cela t’intéresserait ?
Florent