Petite définition d’un corps sans organes d’après Deleuze (source Wikipédia) :
Le corps-sans-organe est un concept développé par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans leurs œuvres communes : L’Anti-Œdipe et Mille plateaux.
Pour comprendre le corps-sans-Organe (CsO) il est important de saisir la définition deleuzienne du désir. Dès l’Anti-Œdipe (en 1972), Deleuze remet en cause la conception psychanalytique du désir. Selon lui le désir n’est pas une scène de théâtre mais une usine qui produit sans cesse, qui crée des agencements, qui est cause de déterritorialisation et de reterritorialisation. Le désir compris comme usine nous permet dès lors de concevoir les machines désirantes. Car dans la nature et dans tout corps il n’y a que des dispositifs machiniques, une multiplicité de machines, machine désirante, mais aussi machine-organe, machine-énergie. Deleuze unit l’homme et la nature au travers d’un processus couplant les machines : « L’homme et la nature produisent l’un dans l’autre ».
Le CsO est une production du désir, il s’oppose à l’organisme que nous font les machines désirantes. Le corps souffre de ne pas avoir d’autre organisation, ou pas d’organisation du tout… Le CsO est un corps sans image, une anti-production, mais il est inévitable parce qu’il nous pénètre sans cesse, et sans cesse nous le pénétrons. Le CsO est un programme, une expérimentation et non un fantasme. Produit comme un tout à côté de parties auquel il s’ajoute, le CsO s’oppose à l’organisme. Car c’est par le corps, et par les organes, que le désir passe et non par l’organisme.
Il y a de multiples possibilités du CsO selon les désirs, les êtres… Citons comme exemple le corps hypocondriaque, dont les organes se détruisent, ou le corps schizophrène, qui mène la lutte contre ses propres organes. Si Deleuze aime à prendre l’exemple du schizophrène, en citant notamment l’œuvre d’Antonin Artaud, il signale que le CsO peut aussi être « gaieté, extase, danse… ». Mais l’expérimentation n’est pas anodine, elle peut entraîner la mort. Il faut, par conséquent, être prudent même si l’expérimentation du CsO est une question de vie ou de mort. Car pour Deleuze il ne faut pas, comme le prétend la psychanalyse, retrouver notre moi mais aller au-delà. Deleuze dit, dans l’Abécédaire, qu’« on ne délire pas sur papa-maman, on délire le monde ». Aussi précise t-il dans Mille-Plateaux : « Remplacer l’anamnèse par l’oubli, l’interprétation par l’expérimentation ». Deleuze s’oppose à l’idée du désir perçu comme manque ou fantasme.
Pour Deleuze, le grand livre sur le CsO est l’Éthique de Spinoza : les attributs, les substances, les intensités ignorent l’opposition de l’un et du multiple puisqu’il y a multiplicité de fusions, d’abouchemenents, de glissements :
« Le corps n’est plus qu’un ensemble de clapets, sas, écluses, bols ou vases communicants… »
Le CsO est comme un œuf sur lequel, et dans lequel, des intensités circulent, intensités qu’il produit et distribue dans un espace intensif, inétendu.
Dans mon oeuf j’ai mis du Neuvy-le-Roi, du Loches, du Catherine, du Bondy, et quelques autres concepts dans ce genre qui filent quand on les pince avec les doigts et se dispersent quand on en pique le centre avec une aiguille.